1) La démocratie est-elle une garantie de lois justes ?
2) "Ne dépendre que de soi", est-ce une bonne définition de la liberté ?
3) Expliquez :
Il y a le vert, il y a le rouge, c'est tout ; ce sont des choses, elles existent par elles-mêmes. Il est vrai qu'on peut leur conférer par convention la valeur de signes. Ainsi parle-t-on du langage des fleurs. Mais si, après accord, les roses blanches signifient pour moi « fidélité », c'est que j'ai cessé de les voir comme roses : mon regard les traverse pour viser au-delà d'elles cette vertu abstraite ; je les oublie, je ne prends pas garde à leur foisonnement mousseux, à leur doux parfum croupi ; je ne les ai pas même perçues. Cela veut dire que je ne me suis pas comporté en artiste. Pour l'artiste, la couleur, le bouquet, le tintement de la cuiller sur la soucoupe sont choses au suprême degré ; il s'arrête à la qualité du son ou de la forme, il y revient sans cesse et s'en enchante ; c'est cette couleur objet qu'il va transporter sur sa toile et la seule modification qu'il lui fera subir c'est qu'il la transformera en objet imaginaire. Il est donc le plus éloigné de considérer les couleurs et les sons comme un langage. Ce qui vaut pour les éléments de la création artistique vaut aussi pour leurs combinaisons : le peintre ne veut pas tracer des signes sur la toile, il veut créer une chose. SARTRE
ou
– Quoi ! Ce voleur, cet adultère ne devraient pas être mis à mort !
– Ne parle pas ainsi, dis plutôt : « Cet homme qui est dans l’erreur et qui se trompe sur les sujets les plus importants, qui a perdu la vue, non point la vue capable de distinguer le blanc et le noir, mais la pensée qui distingue le bien du mal, ne devrait-il pas périr ? » Et si tu parles ainsi, tu verras combien tes paroles sont inhumaines ; c’est comme si tu disais : « Cet aveugle, ce sourd ne doit-il pas périr ? » S’il n’y a pas de plus grand dommage que la perte des plus grands biens, et si le plus grand des biens est pour chacun une volonté dirigée comme elle doit l’être, et si un homme est privé de ce bien, pourquoi t’irriter contre lui ? Homme, s’il faut absolument que le mal chez autrui te fasse éprouver un sentiment contraire à la nature, que ce soit la pitié plutôt que la haine ; abstiens-toi d’offenser et de haïr ; ne prononce point ces mots qui sont dans la bouche de presque tous « Les maudits ! Les misérables ! » Et toi ? Es-tu devenu sage en un moment ?
Épictète